jeudi 24 octobre 2013

Le deuil de l'allaitement

Lors de ma première grossesse, j'ai appris qu'au vu de mes traitements en cours, un allaitement ne serait pas possible.
ça a été une chose difficile à encaisser. Moi qui n'avais jamais spécialement été pro ou anti allaitement, je sentais dans mes tripes que c'est ce dont j'avais envie pour la Chips. Besoin de faire vivre encore un peu ce lien qui se noue entre une mère et son enfant pendant la grossesse. Besoin d'accompagner ma fille un peu plus loin. Besoin de sentir sa petite main pétrir (oui comme un petit chat) ma poitrine.
J'ai encaissé, du mieux possible. Après tout, peut-être que ce besoin viscérale, je n'arriverais pas à le concrétiser. Ou simplement ça ne me plairait pas, je n'y arriverais pas. Et puis, on peut donner un biberon avec autant d'amour. En plus, papa A. était heureux, il allait pouvoir lui aussi partager des moments de complicité avec sa puce.
A part une ou deux fois, où la Chips hurlait tellement que j'étais persuadée que seule la mise au sein pourrait la rassurer, je n'ai pas eu l'impression d'un manque. Nous avons créés d'autres liens ensemble, à travers le portage en écharpe par exemple. Si bien que je pensais avoir fait mon deuil de cet allaitement.

Je parle de deuil car je n'ai pas eu le choix. C'est une décision que l'on m'a imposé. Il n'y a pas de deuil à faire pour une mère qui n'en a pas envie. Moi je n'ai même pas eu la possibilité de réellement choisir.

Et puis la question a resurgi au début de ma grossesse pour Mistinguette (il est pas dit qu'elle conservera ce surnom, hein, mais pour le moment, j'aime bien). Tout le monde me pressait pour savoir si cette fois-ci j'allais pouvoir négocier avec mon médecin. Parce qu'en vrai, quelque temps avant que je tombe enceinte (et que je ne fasse une rechute), ma gastro-entérologue (faudrait lui trouver un nom à elle aussi, tiens!) m'avait dit que si la maladie était stable, il était tout à fait envisageable de changer de traitement au moment de l'accouchement, pour passer à quelque chose qui ne gênerait en rien l'allaitement. C'est marrant, elle ne m'en avait absolument pas parler pour la Chips. Seulement pour quelques mois, le temps de profiter de ces premiers échanges avec bébé.
J'étais donc pleine d'espoir. Lors de l'endoscopie que j'ai passé en mai, elle m'a fait promettre (oui, oui, pendant l'examen) de ne pas lui parler d'allaitement, que les bébés au biberon c'est très bien aussi. Autant pour moi et mes espoirs. Mais tellement heureuse (et dans une position, il faut bien l'avouer, qui ne me permettait pas vraiment de négocier) de cette grossesse miracle, inattendue, j'ai promis.
Après tout, j'avais fait mon deuil, non?

Non.

Surtout maintenant que je sais qu'il suffirait, un peu avant l'accouchement de me passer sous cortisone pendant les 3 premiers mois de la miss.
Alors, il a fallu recommencer ce travail de deuil. Après tout, je suis cortico-dépendante. Donc ce n'est pas seulement quelques mois sous cortisone qu'il faudrait envisager mais bel et bien la remise en place du traitement depuis le début. C'est à dire cortisone, puis immuno-suppresseur puis re-cortisone puisque ça ne marche jamais du premier coup. Peut-être Pentasa, en lavement, en suppo, en comprimé. Avec la quasi certitude que cette fois-ci, le traitement ne marche pas. Et donc retour à la case départ de ce blog : la mise en place du traitement par anti-tnf alpha. Ce traitement qui me fait si peur.
Avec une autre certitude : pendant que je subirais cette remise sous traitement, je sais que je serais fatiguée, malade, probablement irritable du coup. Et que c'est mes filles qui en paieront le prix.Parce que je ne serais pas capable de m'occuper d'elles comme il faudrait.
Alors, tant pis. Je suis peut-être peureuse, égoïste, qui sait? Je choisis de ne pas allaiter. De ne même pas tenter de convaincre mon médecin.
Ce qui est sûr, c'est que malgré ce que cela représente pour moi, je ne me battrais pas pour cet allaitement.
Je me battrais pour qu'après l'accouchement, je sois au mieux de ma forme, je ne fasse pas de rechute.

Pour elles.




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